Le retour des géants de l’endurance : Ferrari, Peugeot et Toyota en quête de gloire
Les 24 Heures du Mans 2024 s’annoncent comme un véritable festival de technologie, d’adrénaline et de passion automobile. Dans un contexte de renouveau pour l’endurance, cette 92e édition promet d’être l’une des plus relevées de ces dernières décennies. Et pour cause : le plateau est plus riche que jamais, avec un affrontement titanesque entre constructeurs de renom tels que Toyota, Ferrari, Peugeot, Porsche, BMW, Cadillac et Alpine.
Le retour de Ferrari l’an passé, auréolé d’une victoire magistrale, a rebattu les cartes. Mais Toyota, longtemps maître incontesté du circuit sarthois, a soif de revanche. Peugeot, après une saison 2023 en demi-teinte, arrive en 2024 avec une version revue de sa 9X8, désormais dotée d’un aileron arrière, preuve que même les concepts les plus audacieux peuvent évoluer face aux impératifs de performance.
Qui sortira vainqueur de cette lutte entre titans ? Difficile de parier. Une chose est sûre : la bataille dans la catégorie reine, les Hypercars, sera féroce, et chaque constructeur y voit un levier stratégique autant qu’une vitrine technologique.
Un plateau record et une grille plus serrée que jamais
L’un des faits marquants de cette édition est le nombre impressionnant de voitures engagées : pas moins de 62, dont 23 Hypercars. Jamais depuis l’introduction de cette catégorie en 2021 le niveau n’avait été aussi élevé. Porsche, avec quatre 963 engagées par des écuries officielles et clientes, joue sur la force du nombre. Ferrari, de son côté, aligne toujours ses redoutables 499P avec un packaging aérodynamique affûté.
Alpine, après une première saison d’apprentissage, revient plus ambitieux avec la nouvelle A424. Quant à BMW, sa M Hybrid V8 fera ses débuts au Mans sous les couleurs du WRT, en étroite collaboration avec le constructeur allemand. Cadillac, toujours aussi robuste et endurant, garde la même recette que lors des dernières éditions, misant sur la fiabilité et la constance.
Les écarts de performance devraient être minimes. Grâce aux évolutions du Balance of Performance (BoP), chaque marque doit composer avec un réglage millimétré de la puissance et du poids pour garantir l’équité. Ce sera donc à l’équipe la plus stratégique – et non simplement la plus rapide – que reviendra probablement la victoire.
LMP2 et GT3 : Des catégories en mutation
Côté LMP2, bien que la catégorie ait perdu son statut au sein du championnat WEC, elle conserve une place de choix au Mans avec un plateau particulièrement homogène. Ces prototypes, tous montés sur des châssis Oreca 07 et motorisés par Gibson, demeurent un vivier exceptionnel pour les jeunes talents. Attendez-vous à de sacrées remontées, notamment en deuxième moitié de course, où la régularité fera la différence.
Plus bas dans le classement, c’est une petite révolution : les GTE cèdent définitivement la place aux GT3. Avec l’introduction des GT3 LM, le public retrouvera des modèles plus proches de ceux commercialisés, mais boostés pour la compétition. Lamborghini, Aston Martin, Corvette, Porsche, BMW ou encore McLaren – tous y trouvent un terrain d’expression mêlant esthétique et performance.
Pour les fans de belles mécaniques, c’est l’occasion de voir en piste des voitures visuellement identifiables, parfois très proches des modèles de série que l’on vend couramment… ou revend à l’export. Petit clin d’œil pour les amateurs de belles allemandes ou anglaises : certaines variantes de ces GT3, une fois retirées de compétition, finissent sur le marché de la collection ou de la revente professionnelle.
Des innovations qui changent la donne
Le Mans a toujours été un laboratoire roulant. Et cette édition 2024 ne déroge pas à la règle. Plusieurs innovations sont à scruter de près :
- Le carburant 100 % renouvelable : TotalEnergies fournit depuis 2022 un carburant issu de résidus viticoles et de biomasse, permettant de réduire jusqu’à 65 % les émissions de CO2. En 2024, l’ensemble de la grille en sera équipé, consolidant la dimension écologique de la course.
- Hybrides à la une : La majorité des Hypercars exploitent un système hybride. Ce n’est plus une exception mais bien la norme. Chez Toyota, le système à quatre roues motrices régénératives offre un gain majeur à la relance. Chez Ferrari et Peugeot, l’électricité assiste à l’avant pour une traction supplémentaire en sortie de virage.
- La télémétrie en temps réel : L’ACO continue d’intégrer de nouveaux outils de monitoring pour la sécurité, mais aussi pour améliorer la stratégie. Chaque voiture est aujourd’hui une centrale de données roulante, ce qui rapproche la course des applications potentielles pour les véhicules connectés grand public.
Et puisque nous évoquons l’innovation, comment ne pas mentionner le fameux Garage 56, réservé à un projet hors-catégorie ? En 2023, c’était une Nascar modifiée. Pour 2024, c’est toujours en cours de développement, mais les rumeurs parlent d’un prototype à hydrogène. Preuve que le Mans reste un point névralgique pour penser la voiture de demain.
Les enjeux au-delà de la piste
Les 24 Heures du Mans, ce n’est pas seulement une course d’endurance. C’est une vitrine d’image pour les constructeurs et une rampe de lancement pour certaines technologies qui finiront, souvent, dans nos voitures de tous les jours.
Mais c’est aussi un levier économique. Les retombées médiatiques sont énormes, avec une diffusion dans plus de 190 pays. Pour un constructeur comme Ferrari ou BMW, gagner au Mans équivaut à une campagne marketing planétaire. L’impact sur la vente de modèles sportifs ou dérivés haut de gamme est direct – sans oublier les effets sur la revente en occasion ou à l’exportation.
La course influence aussi les stratégies de développement. La domination de l’hybride pousse ainsi les constructeurs à intensifier les recherches sur la gestion thermique, les batteries solides ou encore les systèmes de récupération d’énergie… autant de composants que l’on retrouve peu à peu jusque sur des véhicules familiaux ou utilitaires.
Un rendez-vous incontournable pour les passionnés
Si vous n’avez jamais assisté aux 24 Heures du Mans, sur place ou à distance, 2024 est l’année idéale pour vivre cette expérience hors du commun. Avec un plateau de rêve, des noms mythiques, des technologies de pointe et une compétitivité jamais vue, cette édition promet d’entrer dans l’histoire.
Et que vous soyez amateur de GT, de technologie hybride ou simplement curieux de voir à quoi ressemblera la voiture de demain, rien ne vaut un tour d’horloge sur le circuit de la Sarthe pour comprendre l’évolution de tout un secteur… et pourquoi pas, découvrir quel modèle pourrait un jour rejoindre votre garage.
Comme toujours, gardez l’œil ouvert : certaines innovations vues sur la piste cette année influenceront les modèles que vous achèterez – ou revendrez – demain. Et peut-être que l’aileron d’aujourd’hui sera le spoiler de série d’après-demain.
Alors, prêt à faire chauffer la gomme… ou à repenser vos plans d’achat auto ?
