Porsche Singer : histoire, modèles emblématiques et cote à la revente

Porsche Singer : entre hommage artisanal et engineering d’exception

Dans le monde très contingenté des voitures de collection, il y a les restaurations, et puis il y a Singer. Cette société californienne, fondée par Rob Dickinson (ancien designer chez Lotus… et cousin de Bruce Dickinson d’Iron Maiden, pour la petite anecdote), s’est imposée comme une référence absolue dans la réinterprétation moderne de la Porsche 911 classique. Mais ne vous méprenez pas : il ne s’agit pas de tuning. Singer restaure, remodèle et revalorise chaque 911 avec une précision horlogère. Le résultat ? Des œuvres d’art roulantes, aussi performantes qu’émotionnellement engageantes.

Dans cet article, nous allons retracer brièvement l’histoire de Singer, explorer les modèles les plus emblématiques, et décortiquer leur cote actuelle sur le marché de la revente. Un sujet de niche, certes, mais qui attire les collectionneurs avertis… et les vendeurs malins.

Un concept simple : tout est réinventé, sauf la passion pour la 911

La philosophie de Singer se résume en une phrase qui figure sur leur site officiel : « Everything is important ». C’est cette obsession du détail qui a propulsé la marque sur le devant de la scène dès ses débuts en 2009. Le principe est simple : prendre une Porsche 911 génération 964 (produite entre 1989 et 1994), la désosser entièrement, et la reconstruire avec des composants modernes, des matériaux nobles, et une sophistication technique digne des plus grandes supercars.

Châssis renforcé, carrosserie en fibre de carbone, moteur optimisé (souvent par les motoristes de chez Williams Advanced Engineering), boîte de vitesses finement réglée, suspension revue… rien n’est laissé au hasard. Tous les éléments, des compteurs à l’éclairage intérieur, sont repensés avec une précision maniaque. Le tout, sans jamais trahir l’âme originelle de la 911.

Les modèles emblématiques de Singer

Tout projet Singer est personnalisé selon les souhaits du client. Il n’existe donc pas deux exemplaires identiques. Pourtant, certains projets ont marqué les esprits plus que d’autres. En voici quelques-uns qui ont particulièrement retenu l’attention des passionnés… et des investisseurs avertis.

Le Classic Restoration Vehicle

C’est le point de départ. Le « Classic » est basé sur la 964 et reste fidèle à l’esthétique de la 911 des années 70, tout en intégrant des améliorations notables : moteur flat-six de 3.8 à 4.0 litres, boîte manuelle Getrag à 6 rapports, freins carbone-céramique, et carrosserie entièrement en fibre de carbone. L’intérieur est un chef-d’œuvre de sobriété vintage et de technologie moderne discrètement intégrée.

Une configuration typique ? Couleur Olive Green, intérieur en cuir tressé Bourbon, jantes Fuchs modernisées. Le genre de voiture que personne ne laisse indifférent… sur route comme sur les ventes aux enchères.

DLS : Dynamics & Lightweighting Study

Probablement le projet le plus audacieux de Singer jusqu’à présent. Réalisé en collaboration avec Williams Advanced Engineering (les mêmes qui ont travaillé sur certaines Formule 1), le DLS a redéfini les limites du restomod. Poids allégé à l’extrême, Aérodynamique optimisée, moteur 4.0 litres développant 500 chevaux en atmosphérique (!), et un prix de départ qui frôle les 2 millions de dollars.

Produite en 75 exemplaires, cette série est aujourd’hui introuvable autrement que sur le marché secondaire… quand elle se présente. Et autant vous dire que les prix ne vont pas baisser de sitôt.

Turbo Study

Lancée plus récemment, cette déclinaison rend hommage aux mythiques 930 Turbo. Pour la première fois, Singer introduit le turbo (biturbo, en réalité) sur ses projets, tout en conservant une philosophie centrée sur le plaisir de conduite. La Turbo Study est disponible en version propulsion ou transmission intégrale, boîte manuelle uniquement, et développe jusqu’à 510 chevaux. Le look, quant à lui, évoque directement les années 80, avec un style « widened » hérité du modèle original.

L’élégance brute, mais avec la rigueur Singer : voilà un cocktail qui risque bien d’être bientôt aussi prisé que le DLS.

Cote à la revente : un investissement qui tient la route

Contrairement à de nombreuses voitures de luxe ou supercars modernes, les Singer ne subissent pas de décote brutale. Au contraire, certaines configurations personnalisées voient leur valeur grimper avec le temps. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit de produits à la fois ultra-limités, hautement désirables et techniquement irréprochables.

Le marché de la revente pour une Singer Classic avoisine actuellement les 750 000 à 1 200 000 euros selon la configuration, l’année de production, et le pedigree du modèle (exposition dans des salons majeurs, articles de presse, etc.). En comparaison, le même châssis 964 de base peut s’acquérir entre 50 000 et 100 000 euros. La valeur ajoutée Singer est donc colossale.

Quelques chiffres pour illustrer :

  • Un modèle Singer Classic de 2014, configuration Walnut Metallic, a été vendu 918 500 USD chez RM Sotheby’s début 2022.
  • Un DLS a récemment changé de mains pour plus de 2,3 millions d’euros sur un marché privé.
  • La Turbo Study, encore en phase de livraison à ses premiers clients, a déjà été listée à plus de 1,5 million d’euros sur des plateformes spécialisées.

À noter également : plusieurs collectionneurs européens commencent à représenter une part croissante des acheteurs, notamment en France, en Belgique, et en Suisse. Rareté, nostalgie, et perspective de plus-value : l’équation est séduisante, même pour les esprits rationnels.

Ce qu’il faut savoir avant d’acheter ou de vendre une Singer

Si vous envisagez d’acheter une Singer, quelques éléments pratiques méritent votre attention :

  • Dossier complet obligatoire : facture d’origine, historique de restauration, signature du contrat avec Singer, carnet de maintenance.
  • Vérifiez le châssis donneur : toutes les Singer sont techniquement des 964. L’état initial du châssis, même après restauration, influence parfois la valeur à la revente.
  • Les options font le prix : certaines Singer avec freinage carbone-céramique, échappement Inconel, ou sellerie spécifique peuvent demander 100 à 200 000 euros de plus sur le marché. Évaluer ces éléments est crucial.
  • Attention aux copies : le style Singer a été beaucoup imité (sans jamais être égalé). Des garages en Allemagne, au Royaume-Uni et même aux USA proposent des « restomod look Singer ». Ce ne sont pas des Singer officielles, et leur valeur n’a évidemment rien à voir.

Côté vente, il est crucial de bien préparer son dossier. Une annonce bien structurée, illustrée, et contenant tous les détails techniques est souvent la clé pour atteindre les acheteurs qualifiés. Le recours à un intermédiaire spécialisé (vente aux enchères ou courtier automobile de prestige) peut également maximiser la visibilité… et le prix final.

Un symbole moderne de l’automobile artisanale

À une époque où de nombreuses voitures deviennent aseptisées, uniformisées et bardées d’aides électroniques, Singer propose une vision profondément humaine et artisanale de la performance automobile. Chaque modèle incarne une fusion rare entre mécanique analogique, design intemporel, et technologie moderne.

Pour l’amateur qui souhaite allier passion, investissement et conduite, difficile d’imaginer un meilleur compromis. Quant au vendeur, il est en présence d’un produit unique, à la valeur refuge impressionnante sur un marché haut de gamme en pleine mutation.

Alors… avez-vous déjà croisé une Singer en vrai ? Si oui, vous savez pourquoi tant d’amateurs en rêvent. Et si vous en possédez une, sachez que vous tenez entre les mains bien plus qu’une voiture : un chef-d’œuvre roulant, aussi rare qu’un tableau de maître – sauf que celui-ci… rugit à 9 000 tr/min.